Le Pouillot fitis dans le massif jurassien

Quand on évoque le nom de Pouillot fitis, la première chose qui vient à l’esprit est souvent la difficulté que représente son identification dans la nature, notamment quand on débute en ornithologie. Nous allons ainsi commencer par nous attarder sur cet aspect qu’on pourrait qualifier « d’irritant » pour la majorité des ornithologues néophytes ! Ce petit passereau appartient en effet à une grande famille qui comprend de nombreuses espèces semblables et les pouillots ne dérogent pas à la règle. Ainsi, la réaction courante d’une personne ouvrant le « Guide Ornitho » ¹ à la page des pouillots est souvent celle-ci : « mais ce sont tous les mêmes, je n’arriverais jamais à les différencier sur le terrain !! ». Certes les premières versions dessinées des guides ornithologiques représentaient assez mal ces pouillots mais avec les planches des ouvrages récents, notamment de l’excellent « le Guide Ornitho » illustrant tous les oiseaux d’Europe, nous avons atteint le paroxysme du dessin avifaunistique et les autres continents ont de quoi envier la qualité d’un tel ouvrage difficilement égalé.

Comment identifier le Pouillot fitis?

Revenons à nos pouillots ! En regardant de plus près (dans les guides et dans la nature), on constate certaines différences entre les espèces. Et même si celles-ci peuvent être difficiles à évaluer en raison de la vivacité de ces passereaux, une attention particulière sera prêtée à des détails du plumage afin d’apprécier les subtilités dans la longueur, les teintes et le contraste de certaines parties de l’oiseau. L’un des plus grands casse-têtes réside dans l’identification des Pouillots fitis et Pouillots véloce tant les plumages sont proches et ces deux espèces comptent parmi les plus communes de la famille.

Pour commencer, l’un des meilleurs critères d’identification entre ces deux pouillots est la projection primaire de l’oiseau : différence de longueur entre les rémiges primaires et les rémiges tertiaires.

Pouillot fitis. Photo Robert Balestra. Observez le rapport entre les rémiges chez le Pouillot fitis : la longueur des rémiges primaires correspond au 2/3 environ des rémiges tertiaires.

Pouillot fitis. Photo Robert Balestra. Observez le rapport entre les rémiges chez le Pouillot fitis : la longueur des rémiges primaires correspond au 2/3 environ des rémiges tertiaires.

Pouillot véloce. Photo Jonathan Guillot. On remarque chez le Pouillot véloce que la projection primaire est courte et correspond à environ la moitié des rémiges tertiaires.

Pouillot véloce. Photo Jonathan Guillot. On remarque chez le Pouillot véloce que la projection primaire est courte et correspond à environ la moitié des rémiges tertiaires.


Le Pouillot fitis est un grand migrateur qui hiverne en Afrique subsaharienne. Il possède ainsi des ailes proportionnellement plus longues que le Pouillot véloce qui est un migrateur courte distance hivernant principalement en Europe et en Afrique du Nord.

Par la suite, il sera nécessaire de se concentrer sur des détails délicats à appréhender et toujours noter un faisceau de critères tels que le sourcil, la teinte des pattes, la teinte de la joue (parotique), etc. Ces critères, dans leur ensemble, restent difficiles à évaluer sur le terrain avec des oiseaux constamment en mouvement mais ces espèces représentent de bons sujets pour s’entraîner à la photographie et ainsi permettre une identification certaine.

Où observer le Pouillot fitis dans le Jura ?

Dans la nature, les pouillots occupent globalement des habitats boisés ². Le Pouillot fitis est une espèce qui apprécie les strates herbacées et buissonnantes, on le retrouve typiquement au sein des strates arbustives de recolonisation forestière. Dans le Jura, le Pouillot fitis est particulièrement abondant en altitude et notamment dans les saulaies marécageuses et dans les tourbières ³.

Comment se porte actuellement le Pouillot fitis en Franche-Comté ?

A l’image de beaucoup de passereaux migrateurs aux longs cours, le Pouillot fitis a régressé ces dernières décennies. Il subit de plein fouet le changement climatique et la modification des habitats d’hivernage ². Toutefois, en région Franche-Comté les effectifs semblent stables, probablement en raison d’une relative préservation voire d’une augmentation de ses habitats de reproduction ³.

Dans le Jura, nous avons la chance d’avoir une population reproductrice encore importante ³ ! Bien que cet oiseau ne soit peut-être pas le plus photogénique du département, il est un sujet particulièrement intéressant pour les photographes car relativement peu aisé à mettre dans l’objectif au premier essai. En outre, cette petite boule de plumes d’une dizaine de grammes qui parcourt des milliers de kilomètres chaque année mérite bien un peu d’attention :)

Rendez-vous donc pendant notre séjour photo nature dans le Jura en France pour pouvoir observer le Pouillot fitis et découvrir de nombreuses autres espèces typiques du massif jurassien.

Emilien
Guide Salva Fauna


¹ Svensson L., Mullarney K. & Ztterström D. (2009). Le Guide Ornitho. Delachaux & Niestlé, Paris, 446 p.

² Issa N. & Muller Y. coord. (2015). Atlas des oiseaux de France métropolitaine. Nidification et présence hivernale. LPO /

SEOF / MNHN. Delachaux et Niestlé, Paris, 1 408 p.

³ LPO Franche-Comté (2017). Les oiseaux de Franche-Comté - Répartition, tendances et conservation. Biotopes éditions. 480 p.

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